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Exposition "Grandes figures lyonnaises du droit"

Publié le 16 octobre 2025 Mis à jour le 17 octobre 2025
Exposition Grandes figures vignette
Exposition Grandes figures vignette

Inaugurée le 13 octobre 2025, au Palais de l'Université, en présence du président de l'Université Jean Moulin Lyon 3, Monsieur Gilles Bonnet, du maire de la ville de Lyon, Monsieur Grégory Doucet, du recteur délégué pour l’enseignement supérieur, la recherche et l’innovation en Auvergne-Rhône-Alpes, Monsieur Mohammed Benlahsen, ainsi que du doyen de la faculté de droit, Monsieur Olivier Gout, l'exposition célèbre les 150 ans de la faculté de droit de Lyon en rendant hommage aux grandes figures lyonnaises du droit.

Il y a 150 ans, Lyon obtenait, enfin, de l'État, la création d'une faculté de droit. Parce qu'une institution ne vaut que par les hommes et les femmes qui l'animent et parce qu'une institution d'enseignement n'a de raison d'être que par les étudiants qu'elle forme, cette exposition rend hommage aux grandes figures lyonnaises du droit.

Nombre de ces figures sont des professeurs spécialistes des grandes disciplines juridiques, mais aussi de médecine légale, d’économie ou de science politique. Certains de ces enseignants ont été des piliers de la faculté. D’autres n’y sont restés que quelques années, mais ils ont laissé localement une forte empreinte. L’ouvrage rend encore hommage à certains de ses anciens étudiants, français comme étrangers. Certains sont devenus magistrats ou avocats, engagés dans la défense des droits et libertés fondamentales. D’autres ont, après leurs études de droit, embrassé une carrière politique, locale et nationale, d'autres encore ont contribué au rayonnement du droit français à travers le monde.

L'exposition, conçue  Élise Untermaier-Kerléo et Catherine Fillon, est constituée de quinze panneaux accrochés sur les grilles situées de part et d'autre du centre nautique Tony Bertrand.
   
  1. Justin Godart, un juste parmi les peuples du monde
  2. Laurent Bonnevay, le père du logement social
  3. André Philip, économiste engagé
  4. Les artisans du rayonnement international de la Faculté : Edouard Lambert et Paul Huvelin
  5. Abdelrazzak El Sanhoury, la rencontre de l'Orient et de l'Occident et Tomii Masaakira, père du code civil japonais
  6. René Leynaud, le poète fusillé
  7. Lyon, berceau de la médecine légale : Alexandre Lacassagne, Edmond Locard, Louis Roche
  8. Les universitaires au secours de la victime : Louis Josserand, Boris Starck et Yvonne Lambert-Faivre
  9. Des femmes pionnières : Suzanne Basdevant et Madeleine Grawitz 
  10. Jean Appleton et Marius Moutet, juristes dreyfusards
  11. Pierre Truche, un magistrat exemplaire
  12. De grands défenseurs des droits et libertés: Ugo Iannuci et Pierre Cohendy
  13. Paul Bouchet, le droit au service des infortunés
  14. L'assassinat du juge Renaud
  15. Robert Boyer et l’affaire Deveaux : la naissance d'une vocation
    
  


 

Inauguration de l’exposition “Les grandes figures lyonnaises du droit” | 13 octobre 2025

Discours du doyen de la Faculté de droit, Monsieur Olivier Gout

Monsieur le Maire
Monsieur Le Recteur
Monsieur le Président de l’Université Jean Moulin
Monsieur le Consul du Brésil,
Chères et chers collègues,
Mesdames Messieurs,
 
Permettez-moi tout d’abord de vous souhaiter la bienvenue, de vous remercier de votre présence qui honore notre Faculté et notre Université à l’occasion de l’inauguration de l’exposition dédiée aux grandes figures lyonnaises du droit.
 
C’est un décret du 29 octobre 1875, signé par le Président de Mac Mahon, qui a créé une faculté de droit à Lyon.
 
Ce décret faisait suite à une délibération du conseil municipal de la ville de Lyon du 11 octobre 1875, dans laquelle la ville sollicitait la création d’une faculté de droit et s’engageait, pour une période d’au moins douze année, à fournir les bâtiments nécessaires à l’installation de ladite faculté, à les pourvoir du mobilier et de la bibliothèque indispensables.
 
Par ailleurs dans ce décret, la ville de Lyon s’obligeait, si les dépenses dépassaient les recettes, à prendre en charge ce déficit.
 
Le sort de la Faculté de droit de Lyon est donc, depuis ses origines, indissociablement lié à celui de l’État tout comme à la ville de Lyon.
 
Vos présences, Monsieur le Maire et Monsieur le Recteur symbolisent cette association qui a conduit à construire en 1875, l’année de la république, une Faculté de droit publique à Lyon.
 
L’importance de cet évènement est aussi symbolisée par le fait que la cérémonie d’aujourd’hui, qui s’inscrit dans le cadre des 150 ans de la Faculté de droit a lieu sous le haut patronage du Président de la République, qui a lui aussi mesuré l’importance de cet évènement.
 
 
150 ans plus tard, je pense pouvoir dire que les fondateurs de cette faculté seraient fiers de voir ce qu’elle est devenue.

  •  3e meilleure faculté de droit de France pour la deuxième année consécutive, ce qui illustre la qualité de ses formations et de sa recherche universitaire.
  • Une très forte attractivité de cette faculté.

 
25 500 candidatures sur Parcoursup pour 1200 places. Une augmentation de près de 20% par rapport à l’année précédente lorsque la demande baisse, dans le même temps, dans la plupart des facultés de droit en raison de l’évolution démographique.
 
Près de 38 500 candidatures sur la plateforme Mon Master pour près de 1050 places, ce qui en fait là encore l’une des facultés les plus demandées de France.
 
 
Mais ce qui fait aussi notre marque de fabrique c’est la place qu’occupe la Faculté de droit de l’Université Jean Moulin dans la vie de la cité.
 
1/ L’existence d’une clinique juridique qui propose aux citoyens lyonnais un accès gratuit à l’information juridique avec notamment des permanences qui se tiennent dans les locaux où nous nous trouvons.
 
2/ L’existence du dispositif, dit « des grands écrivains publics » issu d’un partenariat avec le tribunal judiciaire de Lyon conduisant nos étudiants à accueillir les justiciables au tribunal judiciaire pour les accompagner dans leurs démarches, qu’il s’agisse de remplir un formulaire de demande d’aide juridictionnelle ou d’une requête de saisine d’un juge.
 
3/ Des conférences ouvertes au grand public nous conduisant à recevoir différentes personnalités du monde civil et politique, comme par exemple il y a quelques mois Paul Watson.
 
4/ L’organisation chaque année d’une semaine de l’Europe d’une nuit du droit où nous ouvrons les portes de la faculté de droit à toutes et à tous pour voir le droit sous un nouveau jour.
 
5/ Ou encore la signature récente, le 2 octobre, d’un partenariat avec le Rectorat de Lyon et l’Association « Parlons démocratie » pour renforcer l’éducation à la démocratie et à la citoyenneté des lycéennes et lycéens grâce à des projets pédagogiques concrets.
 
L’exposition relative aux « grandes figures lyonnaise du droit » s’inscrit dans ce cadre : La Faculté de droit sort ainsi de ses murs pour s’ouvrir sur le monde extérieur et aller à la rencontre des citoyens pour montrer le rôle que la faculté de droit a, à travers certains ses membres, pu jouer dans la cité et son histoire.  
 
Nous avons souhaité leur rendre hommage d’abord à travers un ouvrage collectif, un travail collectif, comme sait si bien le faire notre faculté.
 
Puis à travers une exposition ouverte à tous, destinée à faire connaître aux lyonnaises et aux lyonnais l’empreinte de ces figures emblématiques, de ces femmes et ces hommes qui ont marqué la scène locale, nationale, mais aussi internationale.
 
Ainsi, saviez-vous, pour ne prendre qu’un exemple, que l’un des rédacteurs du code civil japonais a été formé à la faculté de droit de Lyon, ce qui explique l’influence française du code civil japonais et l’empreinte lyonnaise du droit japonais ?
 
Nous rendons ainsi hommage à d’anciens professeurs ou d’anciens étudiants, devenus magistrats ou avocats, engagés dans la défense des droits et libertés fondamentales.
 
Certains ont, après leurs études de droit, embrassé une carrière politique, d’autres encore ont participé au rayonnement du droit français à travers le monde.
 
Ces hommes et ces femmes incarnent aujourd’hui les valeurs qui nous défendons, celles qui font notre identité et qui symbolisent, l’universalisme, le progrès social, la solidarité, la défense de la justice et de l’état de droit, en France comme à l’étranger.
 
Cet ouvrage et cette exposition, dont nous pouvons être fiers, contribuent à construire la mémoire de notre faculté et, chacun sait à quel point la mémoire est un devoir.
 
Dans cet esprit d’ouverture sur la cité, l’idée de cette exposition est de permettre aux lyonnaises et aux lyonnais de connaître leur héritage.
 
Vous comprendrez que votre présence Monsieur le Maire, Monsieur le Recteur, Mesdames, Messieurs, honorent leur mémoire et honore aussi notre faculté et notre université.
 
Nous vous sommes reconnaissants, Monsieur le Maire, d’avoir permis son organisation dans la ville de Lyon.
 
150 ans, c’est finalement très peu, ironisait le Président Bonnet, lors d’une des manifestations que nous avions organisée pour notre anniversaire.
 
Permettez-moi de me réjouir que nous soyons toujours jeunes car nous avons encore de nombreux projets dont celui de contribuer à former de nouvelles et futures grandes figures lyonnaises du droit.
 
Je vous remercie pour votre attention.
 

Discours du maire de la ville de Lyon, Monsieur Grégory Doucet

C’est un grand honneur et un plaisir pour moi d’être parmi vous aujourd’hui, dans ce Palais de l’Université ; où résonne depuis cent cinquante ans la voix du droit, de la République et de la raison. Cette exposition, que la Ville de Lyon a eu la joie de co-organiser avec la Faculté de droit, nous invite à un voyage à travers le temps : celui d’un siècle et demi d’engagements, de transmission et de pensée juridique. Voire de pensée tout court.

Oui, Lyon est propice à la pensée. Mille signes nous disent que le terreau y est très favorable. Et la responsabilité nous en incombe évidemment qu’il le reste.

Souvenons-nous : le 29 octobre 1875, la Faculté de droit de Lyon voyait le jour. Entre les murs du petit collège, dans un premier temps.

Mais, c’était déjà là un acte politique fort.

Ce bâtiment, né du rêve républicain d’une université moderne, ouverte et ambitieuse, symbolise ce que Lyon a toujours voulu être : une ville où le savoir aiguille l’action publique. Depuis le XIXe siècle, Lyon a offert au droit une matrice féconde, un creuset exceptionnel pour pouvoir se développer.

Car, ville de médecins et de juristes, de négociants et de penseurs, de travailleurs et d’inventeurs, Lyon a toujours su que le droit n’est pas une abstraction mais une grammaire vivante de la cité. Ici, le droit a pu se nourrir d’humanisme, converser avec d’autres champs disciplinaires : économie, sciences politiques, philosophie, sociologie. Il s’est pensé à la croisée du réel et de l’idéal.

Justin Godart, grand humaniste et « Juste parmi les Nations » ; André Philip, économiste engagé et résistant. René Leynaud, journaliste au Progrès et poète assassiné par les Nazis ; sur la dépouille duquel s’est recueilli le Général de Gaulle, en compagnie d’Yves Farge, à la libération.

Paul Bouchet, avocat des plus faibles et conscience du siècle, notamment à l’origine du Dalo – le droit opposable au logement. Et en pointe de bien d’autres initiatives pour combattre l’exclusion. Pour qui j’ai eu le privilège d’inaugurer durant ce mandat un espace portant son nom, devant ce qui fut la Maison des avocats, dans le vieux Lyon.

Et tant d’autres, professeurs, magistrats, avocats, chercheurs ou étudiants, qui ont fait du droit non pas un outil de pouvoir, mais un instrument de justice, dans le cadre où ils l’ont exercé. Ou bien dans le milieu professionnel à l’intérieur duquel ils en ont importé les enseignements, pour les faire fructifier. Pour plaider, innover ou porter des réformes.

À travers leur évocation, c’est toute une mémoire lyonnaise du droit qui s’exprime : une mémoire faite d’intelligence, de courage et d’humanité. Et le mot « courage », je ne le prononce pas à la légère. Ayant en tête en le faisant, l’exemple du juge Renaud.

Ensuite, il faut le dire : le lien entre Lyon et son université n’a fait que s’étoffer…

Aujourd’hui encore, l’esprit partenarial s’illustre par les projets que nous menons ensemble. Ce qui inclut, pour la période récente, notamment la participation de professeurs de Lyon 3 au groupe miroir de la « boussole du bien-être ». OU au comité consultatif de déontologie et de transparence des élus. Les appels à projets de la Chaire lyonnaise des droits humains que nous avons créée ensemble. La convention de partenariat pédagogique entre Lyon3 et le pôle des musées d’histoire et de société de la ville. Des co-organisations d’évènements. Et à présent, cette exposition qui descend jusqu’aux grilles de la piscine du Rhône, c’est littéralement la connaissance qui se diffuse dans la cité, rejoint le fleuve, sollicite l’attention du passant.

Ce geste est magnifique et d’une grande portée symbolique : il dit que le savoir ne se confisque pas. L’Université appartient à toutes et à tous – oui, j’ai précisé « à toutes » car depuis Olga Petit et Jeanne Chauvin les professions du Droit se sont ouvertes aux femmes où elles ont toute leur place, il est bon de le rappeler. L’Université nous est un bien commun.

Celle de Lyon 3 est l’un des grands cœurs intellectuels de notre ville. J’ajoute que les 150 ans de Lyon 3 que nous célébrons – entre autre en inaugurant cette exposition – sont ceux d’une communauté savante, diverse, passionnée, exigeante, dont la vitalité se lit autant dans les amphithéâtres et les prétoires que dans la recherche, les colloques, les publications ou les coopérations internationales. J’y suis, vous l’avez compris, extraordinairement attaché.

Car cette faculté a toujours su se transformer, sans jamais renoncer à son âme. Se remettre en question quand il le fallait, pour avancer et se moderniser. Accompagner autant que révéler les évolutions de la société. De la Manufacture des Tabacs réhabilitée aux campus de Bourg-en-Bresse, elle s’est ouverte sur le monde, accueillant des étudiants venus des cinq continents, tissant des partenariats solides, formant des juristes curieux, mobiles, ancrés dans leur époque. Bravo à vous, car c’est cela, au fond, l’esprit lyonnais : conjuguer la fidélité et l’audace, la mémoire et le mouvement. Et c’est aussi l’esprit républicain : croire dans le pouvoir émancipateur du savoir, dans la force du débat, dans la transmission comme acte civique.

Mais célébrer 150 ans de la Faculté de droit, ce n’est pas seulement tourner les pages d’une belle histoire où le rayonnement scientifique le dispute à l’excellence.

C’est aussi interroger notre présent et notre avenir.

Dans le monde d’aujourd’hui, le droit est à nouveau mis à l’épreuve. Tancé, critiqué, montré du doigt.

Or, quand les libertés publiques sont fragilisées, quand le droit international est bafoué, quand des juges ayant travaillé collégialement sont accusés de partialité, quand des chercheurs sont menacés pour leurs travaux, il nous revient collectivement de rappeler que l’État de droit n’est pas un luxe ni une abstraction. Il est le socle de nos démocraties. Et il est, pour reprendre l’idée de Pierre Truche, « le meilleur moyen de défendre la dignité de chaque personne, à tout moment, même dans les situations les plus graves ».

Face aux bouleversements climatiques, aux guerres, aux conflits multiformes pour s’approprier les ressources d’un monde fini, aux mutations technologiques, aux crises économiques et sanitaires, nous avons plus que jamais besoin d’un droit vivant, ouvert, en dialogue avec les sciences humaines et sociales.

Un droit capable de penser le monde et l’environnement pour mieux l’adapter à un régime évolutif de contraintes mais aussi de possibilités.

Un droit qui protège autant qu’il émancipe.

Depuis la célèbre déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen qui ont fondé notre République, en passant par la déclaration universelle des Droits de l’Homme de 1948 qui la prolonge et l’élargit … eh bien, les figures lyonnaises du Droit que nous honorons aujourd’hui nous rappellent tout cela. Elles nous disent, au travers de leurs engagements que le droit est un combat. Un combat pour la justice, pour l’égalité et pour la vérité.

Elles nous disent aussi qu’un juriste ne se contente pas d’interpréter la loi : il la questionne, il l’exhorte à progresser, il en éclaire les angles morts. Ce qui fait que leur héritage n’est pas réductible à un ensemble de doctrines ou de textes. C’est une éthique : celle du service, de la rigueur, de l’humanité. Et cette éthique demeure la plus utile et la plus belle boussole de notre temps.

En célébrant aujourd’hui cette Faculté et celles et ceux qui l’ont façonnée, au fil des soutenances, des conférences et de leurs productions savantes – mais aussi des enseignements quotidiens – nous rendons hommage à une institution qui, depuis 1875, incarne le meilleur de la République. A l’heure où tant de certitudes vacillent, où la tentation du repli menace, cette exposition rappelle que le savoir et le droit sont des forces d’émancipation.

Des forces qui nous élèvent collectivement.

Car l’esprit humain peut toujours aller plus loin – c’est ma conviction : La perfectibilité est infinie !

Comme l’affirmait Condorcet, dans sa célèbre esquisse historique (des progrès de l’esprit humain) :
« Les progrès de cette perfectibilité désormais indépendants de toute puissance qui voudrait les arrêter n’ont d’autre terme que la durée du globe où la nature nous a jetés ».
 
Puissions-nous, à Lyon, continuer de faire vivre cet héritage : celui d’une ville qui croit au droit comme à un langage de justice, à l’Université comme à un lieu de lumière, et à la République comme à une promesse à tenir et prolonger.

Je vous remercie.

  
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