Historique

La Faculté de droit de Lyon aujourd'hui rattachée à l'Université Jean Moulin Lyon 3 a été créée par un décret du Maréchal Mac Mahon en date du 29 octobre 1875. Le palais universitaire du 15 quai Claude Bernard, au bord du Rhône, où elle a toujours son siège, fut inauguré par le Président de la République, Félix Faure, le 1er mars 1896.

Aux origines de l'enseignement du droit à Lyon:

Elle est l'héritière d'un passé qui ne fut pas sans gloire. Si la tradition est difficile à reconstituer dans une suite sans faille, il est possible de mettre en valeur quelques jalons qui établissent qu'à Lyon l'enseignement du droit a une longue histoire. Retenons le nombre des manuscrits lyonnais du Code Théodosien plus élevé que nulle part ailleurs, la rédaction de l'Epitome lugdunensis l'un des plus intéressants résumés du Bréviaire d'Alaric, plus tard la création du Studium juris du Pape Innocent IV où sont données des leçons tant de droit civil que de droit canonique, la fondation de l'Ecole municipale sur la fin du XIIIe siècle où enseignèrent d'illustres legum professores dont les noms sont inscrits dans la chronique lyonnaise...
Puis les sources se font plus rares et il n'est pas certain qu'un enseignement juridique se soit maintenu entre Saône et Rhône passé le XIVe siècle, les jeunes lyonnais fréquentant surtout les Universités de Valence, d'Avignon, de Toulouse.

Au XVIIe siècle, le renouveau est avéré et les almanachs de la ville mentionnent désormais régulièrement l'Ecole de droit où "les études se font en trois années pendant lesquelles on enseigne alternativement le droit civil, le droit canonique, le droit français et l'ordonnance de 1667". En 1804, Lyon ne figure pas sur la liste des douze villes où allaient être établies les Ecoles de droit ; mais sous la monarchie de Juillet, la création d'une chaire de droit commercial, sous le Second Empire l'ouverture de cours libres de droit, à la même époque le mouvement d'opinion qui s'amplifie et les pétitions qui se multiplient, vont conduire à la création de la Faculté aux débuts de la Troisième République.

Aujourd'hui, la Faculté de Droit de Lyon jouit de la plus haute renommée française et internationale. La dernière édition du Gourman Report (6ème éd. 1993) la classe au 1er rang des facultés françaises de province, au 5e rang des facultés européennes après Paris, Oxford, Cambridge, Heidelberg. Cette place d'excellence au tableau d'honneur des Facultés de droit est amplement méritée par l'éminence du corps enseignant, la diversité des formations proposées, la qualité de la recherche, l'ampleur du rayonnement dans le monde universitaire.

La Faculté de droit dans la Grande Guerre : de la guerre du droit à la paix par le droit


La guerre du droit, naissance et diffusion d’un slogan

« Le thème d’une guerre menée par la France et ses alliés au nom du Droit et de la Civilisation a constitué une légitimation aussi précoce que durable de ce conflit survenu brutalement dans la chaleur de l’été 1914. […] »

Ainsi commence le recueil de Catherine Fillon, Professeur des Universités à la Faculté de droit de l’Université Jean Moulin Lyon 3, recueil dans lequel nous découvrons les correspondances des étudiants en droit lyonnais mobilisés sur le front. Des correspondances chargées d’histoire, de réalisme, de non-dits pourtant évocateurs… Des correspondances touchantes et émouvantes.

Visuel Grande guerre

Qualifiée dès son déclenchement de « Guerre du Droit », la Grande Guerre ne pouvait que puissamment retentir dans l’ensemble des Facultés juridiques françaises : celle de Lyon n’a pas fait exception à la règle.

Une exposition, qui a été présentée en février 2019 à Lyon, « retrace la genèse de ce slogan et son appropriation par un corps enseignant qui, dans sa très grande majorité, a succombé à la tentation d’un nationalisme intellectuel outrancier.

Mais le discours sur la guerre, tenu à l’arrière dans des amphithéâtres largement désertés, n’était évidemment pas la guerre elle-même, que de rares professeurs et des étudiants beaucoup plus nombreux durent affronter, trop souvent au prix de leur vie. Le grand écart entre discours sur le conflit et réalité combattante est palpable au travers des témoignages (carnets de route, correspondances, poésies, littérature de guerre…) laissés par les étudiants, combattants ordinaires certes, mais aussi combattants intellectuels et, à cet égard, combattants singuliers.

Bien au-delà du 11 novembre 1918, la Grande Guerre devait continuer à produire des effets intellectuels : volonté de rapprochement de traditions juridiques qui jusqu’alors s’ignoraient, rêve d’un droit commun mondial et espoir dans la Société des Nations caractérisent la Faculté de droit lyonnaise qui, jusque dans les années 1930, a cru à la possibilité d’une paix par le Droit. »

Cette exposition est « le fruit d’un travail historique de recherche mené par Catherine Fillon […]. Ce travail permet de découvrir comment les facultés de droit françaises se sont engagées intellectuellement dans la guerre dénonçant le droit bafoué […] » (Hervé de Gaudemar, Doyen Faculté de Droit).

En partenariat avec : Faculté de Droit – Centre lyonnais d’histoire du droit et de la pensée politique – Université Jean Moulin Lyon 3, Archives départementales et métropolitaines, Département Ain, Archives municipales de Lyon, Ville de Lyon.

Visuel Grande guerre
Arrivée d’un train de soldats rapatriés sanitaires en gare des Brotteaux-juillet 1917 / ©Archives municipales de Lyon