Il y a soixante ans naissait l’Organisation de l’Unité Africaine au coeur des processus de décolonisation, portée par les idéaux du projet panafricain et porteuse des espoirs de développement par le droit et la coopération de tout un continent. Le phénomène institutionnel a proliféré sur le territoire africain jusqu’à devenir omniprésent. D’abord perçu par certains comme « mimétique », force est de constater que le recours à la coopération régionale a été façonné à la mesure des nécessités et des caractéristiques du continent. Son architecture multidimensionnelle répartie entre le niveau continental et un niveau sous régional hétérogène en complexifie toutefois l’appréhension et la systématisation, pourtant nécessaires à toute tentative de synthèse.

L’actualité mouvementée du continent au cours de la période récente commande en effet une évaluation de la résilience et/ou des résistances que connaissent à l’heure actuelle ces institutions. Du développement de la menace terroriste aux changements anticonstitutionnels de gouvernement, de l’enlisement de certains conflits armés aux annonces de retrait de leurs membres, les organisations régionales ont eu à affronter de nombreux défis. Dans le même temps, elles restent saisies d’enjeux « classiques » tels que la protection des droits humains ou le développement économique qu’elles continuent d’adapter à la fois au contexte régional et aux mutations de sociétés contemporaines.

L’objectif de cette journée d’étude est de réfléchir collectivement en forme de bilan d’étape aux défis et enjeux actuels de la coopération régionale africaine pour comprendre les répercussions qu’ils ont pu avoir sur la physionomie ou le fonctionnement des systèmes en place mais également aux perspectives de résolution ou de dépassement que retiennent ou qu’explorent les organisations régionales concernées. Ces questionnements laissent transparaitre en filigrane ceux, plus généraux, relatifs aux rapports entre l’universel – réel ou prétendu – et le régional, nécessairement particulier qui teintent souvent le discours sur le(s) régionalisme(s) africain(s) ou encore celui du positionnement des États africains face aux institutions mondiales. Cette journée sera également l’occasion de revisiter ces sujets devenus classiques à partir de la mise en commun des enseignements tirés d’une pluralité de phénomènes concomitants.