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[Conférence] " La justice pénale face au terrorisme " par Maître Olivia Ronen

Publié le 5 octobre 2022 Mis à jour le 25 novembre 2022
Vignette olivia Ronen
Vignette olivia Ronen

Conférence organisée par le Collège de droit

Maître Olivia Ronen, avocate inscrite au Barreau de Paris, ancienne secrétaire de la Conférence

Modérateur :
Bernard Ughetto, Avocat honoraire au Barreau de Lyon

 

Rétrospective de la conférence

Maître Olivia Ronen dévoile ce lundi, devant salle comble, un parcours et un portrait d’avocat singuliers. A l’été 2018 le détenu Salah Abdeslam, seul survivant du commando des attentats du 13 novembre 2015, contacte cette avocate alors inconnue du grand public. Cette désignation ne sera rendue publique qu’en juin 2021, à l’initiative de cette dernière. Les ténors médiatiques sont écartés par l’accusé; Olivia Ronen dirigera sa défense, accompagnée de Maître Martin Vettes, au procès ouvert le 8 septembre 2021 au Palais de Justice de Paris. Dix mois d’un travail soutenu pour un procès hors-normes, où le million de pages de dossier, l’opinion publique et la pression médiatique ont révélé une avocate singulière. Si sa vocation pour la défense vient de son envie de « comprendre les parcours, comprendre les destins, et les faire comprendre », Olivia Ronen restera intransigeante sur les principes déontologiques, et entretiendra un rapport distancié avec les médias, tout au long du procès.

Un parcours marqué par sa collaboration avec Maître Thierry Lévy, mentor anticonformiste se refusant à être partie civile dès lors qu’une peine d’emprisonnement était encourue, rencontre décisive pour cette avocate ne s’étant jamais « vue juger quelqu’un », auteure d’un mémoire sur la place de la prison dans la récidive.

Alors qu’un échange s’ouvre avec le public, l’avocate détaille sa stratégie de défense évolutive, élaborée en fonction de l’attitude changeante de l’accusé, puis aborde le fond du dossier. Est notamment discuté l’un des chefs d’accusation, la co-action de tentative de meurtre sur personne dépositaire de l’autorité publique concernant l’attaque du Bataclan, l’occasion pour Maître Ronen d’exprimer sa déception, constatant qu’en la matière, on « tord complètement les principes juridiques ».

Le défi fut grand pour l’avocate, fervente pourfendeuse de la perpétuité incompressible se plaçant dans la droite lignée de Badinter qui, plaidant l’abolition de la peine de mort en 1981, semblait déjà condamner le principe de perpétuité incompressible : « on ne remplace pas un supplice par un autre ». L’avocate précisera cette pensée vieille de quarante ans; « on condamne quelqu’un à l’emprisonnement, mais aussi au désespoir ».

« Nous sommes les artisans de nos lois. Nous les façonnons avec un certain esprit. Infliger une vengeance, une sorte de loi du Talion, qui ôte tout espoir, c’est une peine qui n’est pas humaine. »

La conférence se clôt par une question rituelle, incontournable dans le cas de ces défenses paroxystiques : non, Olivia Ronen ne « regrette pas » d’avoir déclaré que « l’accusé est humain ». Loin d’être une déclaration provocatrice, cette assomption repose sur une conviction : « les actes atroces sont humains, les êtres humains ont, en eux, une part de mal. » L’avocate de préciser qu’une multitude de paramètres président à l’expression de cette part de mal chez tout un chacun.
Louis Facchin, étudiant en 3ème année en Droit Science Politique