Auteur d’un mémoire consacré à « La récupération des aides publiques nationales versées en violation du droit communautaire » publié en 1994 dans la collection des mémoires de DEA de droit communautaire, puis d’une thèse ayant obtenu le prix de l’Université Lyon 3, sur « Le contrôle communautaire des aides publiques nationales » en 1999, les deux sous la direction du Professeur Thierry Debard, c’est au sein de notre université qu’il devait réaliser l’ensemble de sa carrière universitaire, en tant que doctorant, « coopérant » (au Cambodge, au Vietnam, au Moyen-Orient…), maître de conférences puis professeur de droit public, après un intermède de quatre ans au sein de l’Université de Chambéry, suite à son agrégation en 2004.

Spécialiste reconnu de droit de l’Union européenne et de droit public des affaires, il avait arpenté ces matières dans de nombreux écrits – plus particulièrement au JCP A dont il était directeur scientifique depuis plus de quinze ans tout comme pour la revue Contrats publics –, nous léguant notamment les quatre éditions du manuel de référence sur le « Droit européen des aides d’État » (Bruylant) ainsi que « Les grands arrêts de la jurisprudence de l’Union européenne » (PUF) dont il était directeur aux côtés de Cyril Nourissat. Autant de thèmes, surtout, qu’il devait brillamment transmettre durant toutes ces années aux étudiants de notre faculté, au sein de laquelle il avait marqué un attachement et un investissement remarquables. Successivement directeur du Centre d’études européennes (CEE), président de la section de droit public, il avait, en 2000, initié aux côtés du professeur Jean-François Sestier et à la demande du Doyen Luc Saïdj, la création du Magistère – devenu Master – de Droit public des affaires au sein de l’IDEA. Succédant au professeur Didier Jean-Pierre, il avait pris la direction de cette formation à partir de 2012 pour la mener à l’excellence hexagonale. Il codirigeait enfin le master de Droit public approfondi et des affaires, en partenariat avec l’Université Saint-Joseph du Liban, pays auquel ce grand voyageur vouait un sincère attachement.

Parallèlement à cette richesse universitaire, le Professeur Karpenschif avait mené de front une carrière d’avocat au barreau de Lyon, principalement au sein des cabinets CMS Francis Lefebvre puis Fiducial Legal by Lamy dont il était associé. Il était reconnu par ses pairs comme l’un des plus brillants, l’un des plus doués, plusieurs fois primé Best Lawyer.

Les mots manquent pour témoigner du chagrin que sa perte nous inspire. Qu’il soit permis ici d’évoquer la qualité incomparable de ses enseignements et conférences ; la source intarissable d’inspiration qu’il fut, auprès de ses étudiants, mais également de ses collègues. Féru de sport, d’automobile, de cinéma… et de jardinage, Michaël Karpenschif cachait – tout en contraste et avec une grande pudeur – une érudition incroyable.

Narrateur et orateur hors pair, juriste affuté et complet, il suscitait auprès de tous une sincère admiration, bien servie par un sourire rayonnant, une personnalité charismatique, un rire communicatif qui nous manquent déjà terriblement.

Nous n’oublierons pas Michaël Karpenschif et nous pensons fortement à son épouse, ses enfants et l’ensemble de ses proches.