Gabriel Server - M1 Droit public- Contrat, construction et propriétés en échange à l'Université de Séville (US) en Espagne

Gabriel Server participe à un échange dans le cadre de sa première année de master (2024-2025) en Droit public- Contrat, construction et propriétés publiques à l'Université de Séville (US) à Séville. Il nous livre son ressenti sur cette expérience.

Tout d’abord je tiens à vous remercier pour l'attention que vous nous témoignez. Je sais maintenant que je fréquente d’autres étudiants en échange à quelle point l'accompagnement peut être mauvais voire absent de la part des universités. Je vais vous raconter ces quelques semaines de manières plus ou moins chronologiques afin que cela puisse éventuellement aider des étudiants qui feront le choix de Séville dans le futur. Ça sera donc assez exhaustif mais l’idée est vraiment de faire un mode d’emploi pour faciliter mes successeurs en Espagne ou à Séville.

Le plus difficile à mon arrivée a été l'inscription digne d’une scène mythique du cinéma d’animation français et son fameux laisser passer A38. A mon arrivée à Séville j’avais prévu une semaine avant ma rentrée pour préparer mon inscription et choix de cours afin d’être opérationnel le jour J. J’ai été bien naïf !

Il fallait d’abord s’inscrire au centre international de l’Université de Séville (US), pour ce faire, rien de plus simple, il fallait simplement se présenter avec sa carte d’identité et sa CEAM pour être enregistré. Une fois enregistré il ne me restait plus qu’à m’inscrire auprès de la fac de droit et choisir mes cours c’est là que ça s'est corsé! Je me suis présenté à l'accueil général que j’ai trouvé comble, une centaine d’étudiants étrangers faisaient la queue et m’ont mis au parfum de la procédure.

Attention accrochez vous bien, pour choisir ses cours il faut se présenter à un guichet (oui un seul) entre 10h et 13h où une personne (oui une seule) va vous donner un papier carboné sur lequel vous allez indiquer les groupes que vous avez choisi afin que votre emploi du temps soit sans conflit d’horaire. Pour accéder à ce guichet il faut faire la queue où prendre rendez-vous mais si comme moi et la majorité des ERASMUS les services informatiques ne vous ont pas ajouté sur l’intranet alors il faut patienter son tour et regarder tous ceux qui ont un rendez-vous vous passer devant. C’est donc de cette façon que je suis venu tous les jours faire la queue pendant des heures pour d’abord récupérer le papier, puis pour le rendre avant de venir chercher la réponse de l’administration qui m’informait que mes groupes n’étaient plus disponibles et donc refaire la queue pour récupérer le même papier et faire les changements puis revenir rendre le papier et encore pour avoir la réponse. En tout j’ai fait 3 tours de ménage pour un total de 13h45 d’attente pendant 10 jours. Un système qui ferait pâlir notre administration française et qui fait relativiser car après tout c’est aussi ça le dépaysement! J’en suis finalement venu à bout vers la fin de la première semaine de cours et ai donc pu aborder la seconde de manière beaucoup plus sereine dans les bons groupes.

Les cours ne sont pas particulièrement intéressants et ne demandent pas un effort surhumain mais les professeurs ont pour la majorité le mérite de s’adapter à leurs nombreux élèves étrangers et veillent à notre bonne compréhension. Les matières correspondent exactement à ce que j’imaginais et les horaires à la fac me permettent de suivre aisément le M1 de Lyon en parallèle pour rester à jour.

Sur l’installation et la vie à proprement parlé, il faut savoir que la vie est plutôt chère à Séville, particulièrement le logement ou la solution la plus économique sera la collocation, la résidence étudiante all inclusive étant très onéreuse et l’appart individuel difficile à obtenir car dirigé vers les actifs plutôt que les étudiants. L’appart étudiant n’est pas la norme! De même, les services ne sont pas très faciles à obtenir notamment car l’administration espagnole oblige une carte d’identité espagnole ou un numéro d’identification étranger pour contracter. Hors ce NIE n’est pas facile à obtenir auprès des services compétents et prend assez longtemps. Bien sûr on pourra faire sans mais il faudra être inventif. Oubliez le contrat internet à votre nom, il faudra passer par des amis ou le propriétaire de nationalité espagnole pour en obtenir un. De même pour ouvrir un compte bancaire, pensez donc à avoir une carte bancaire sans frais à l’étranger et qui permet de retirer pas mal de liquide. A Séville le paiement du loyer en cash est assez répandu. Malgré ces obstacles, le temps et l’obstination permettent de trouver des parades.

Parlons de la vie culturelle et sociale, si les étudiants espagnols sont assez fermés et ont une culture universitaire différente de nous ne permettant pas forcément d’intégrer leur cercles de vie sociale, les groupes ERASMUS sont extrêmement dynamiques et des entreprises comme ECS ou ESN proposent de nombreuses soirées ou sorties au bar pour rencontrer du monde (1 par jour environ) mais aussi des activités sportives en groupe, des escapades d’une journée dans la région voir des voyages de plusieurs jours au Portugal, Maroc et Espagne. Le tout pour des tarifs très accessibles. Je rentre à l’instant d’un voyage de 5 jours au Maroc organisé par ECS et qui permet de découvrir les montagnes de l’Atlas et le désert du Sahara. J’ai aussi pour projet de réaliser un autre voyage de ce genre à Lisbonne ou sur la façade Atlantique du Maroc.

Soyez sur que vous trouverez du monde à rencontrer tant la communauté Erasmus de Séville est nombreuse. Il y a aussi beaucoup à faire sur le plan culturel même si ce n’est pas gratuit pour les étudiants comme chez nous (la culture à un prix dans un pays un peu moins socialiste mais rien d’excessif). Beaucoup de visites, balades sont possibles et le climat permet de le faire en toute saison. Tout peut se faire à pied ou en Vélo'v (Sevici) voire en tram ou métro mais ce n’est pas si grand et la ville est agréable à arpenter à pied.

Pour continuer sur la mobilité, je suis à titre personnel venu avec ma voiture pour faciliter le déménagement et être plus mobile et franchement ça valait le coup (si vous avez une place de parking et ne vivez pas dans le cœur historique où une voiture ne passe pas dans les rues). Ça valait le coup parce que ça m’a permis de visiter la région sans me reposer sur les trains (très limités) ou les voyages organisés par le club Erasmus. La plupart des destinations comme Grenade, Cordoue, Cadix sont à plus de 2h de route de Séville et le train n’est pas la meilleure solution sauf pour se rendre à Madrid en TGV ou à Cadiz. Il est assez facile de rentrer en France avec des vols directs mais qui se réduisent drastiquement hors saison, attention à s’y prendre en avance notamment pour Lyon ou Bordeaux. A noter qu’il y a beaucoup moins de vacances ici pour rentrer ou faire du tourisme mais que dans ma fac les cours sont du lundi au jeudi ce qui compense.

Je pense que j’ai fait le tour de mon expérience jusqu’à présent et le bilan est plus que positif, nous verrons au fur et à mesure notamment avec les examens en janvier. Même si mon récit relate beaucoup de difficultés, elles relèvent pour beaucoup de l’absence d’information sur ces problématiques qui ne peuvent être connues que par ceux qui les ont vécues. C’est à ça que sert ce petit laïus.