La plupart des intervenants ont pris la parole en ligne, mais Mathilde Philip Gay, professeure de droit public au sein de la Faculté de droit de l'Université Jean Moulin Lyon 3, a été invitée par la présidence ukrainienne à intervenir sur place lors de cette conférence.

Organisée sous l'égide de Présidence ukrainienne, avec le soutien du Ministère des Affaires étrangères et de diverses ONG ukrainiennes, cet événement a vu la participation en présentiel de personnalités de premier plan telles qu'Oleksandra Matviïtchouk, lauréate du prix Nobel de la paix 2022, Denys Chmyhal, Premier ministre ukrainien, Jörg Polakiewicz, Directeur du Conseil de l'Europe, et Gabija Grigaitė-Daugirdė, Vice-Ministre de la Justice ukrainienne ainsi que de nombreux membres du gouvernement ukrainien. L'objectif principal de l'intervention de Mathilde Philip Gay était de mettre en avant l'importance de la création d'un véritable tribunal international spécial pour juger les crimes d'agression en Ukraine.

Pendant son séjour, elle a fait connaissance avec les alertes aériennes a été très impressionnée par le courage des habitants, qui bravent les bombardements pour essayer de mener une vie aussi normale que possible, expliquant que c'est leur façon de résister.
 
Lors de son intervention, Mathilde Philip Gay a cité un vers de la poétesse ukrainienne Victoria Amelina, "call me a liar because there is no justice", justifiant ainsi la nécessité de rendre justice aux victimes du conflit. Elle a expliqué que pour qu'aucune victime de la guerre en Ukraine ne soit jamais traitée de menteuse, il fallait absolument que le futur tribunal respecte certaines garanties procédurales dont la présomption d'innocence des accusés et qu'il fallait apporter un soin particulier à la collecte des preuves.

Dans son livre "Faut-il juger Poutine?", publié en 2023 chez Albin Michel, elle explore en profondeur les enjeux juridiques de la création d'une telle juridiction. Elle y argumente que l'inaction face aux agressions ne compromet pas seulement la crédibilité du système juridique international, mais pave également la voie à de futurs conflits.
 
Le Premier ministre Denys Chmyhal a également souligné, lors de la conférence, que la paix ne peut être atteinte sans justice, et que la justice ne peut être rendue sans tenir responsables ceux qui ont perpétré l'agression. « Ensemble, nous devons créer un mécanisme juridique de justice et de responsabilité qui inclut tous les criminels, ceux qui donnaient les ordres et ceux qui les exécutaient. Avant tout, nous avons besoin d’un tribunal international spécial pour juger les plus hauts dirigeants politiques russes pour crime d’agression. Aujourd'hui, nous discutons encore des modalités pour la création d'un tel tribunal. Mais personne ne doute que cela fonctionnera ».